Nikon D5 : intéressant en occasion ?

Il y a près de deux ans et demi, j’ai diffusé une vidéo sur les Nikon D4 et D4s sur le marché de l’occasion occasion. J’avais mis en évidence leurs atouts, et les opportunités qu’ils représentent pour un investissement.

Il était grand temps que j’aborde le cas du Nikon D5, qui est sorti du catalogue depuis plusieurs années. La logique d’analyse reste la même : quels sont les atouts du D5, et est ils pertinent vis à vis du marché actuel ? Nous voyons cela ensemble dans cette vidéo.

Je me permet de l’annoncer dés maintenant, je vais désormais m’adresser aussi aux utilisateurs Canonistes : dés la semaine prochaine, retrouvez moi avec une vidéo sur le Canon 1Dx mk2. N’hésitez pas à vous abonner pour suivre mes actualités.

le Canon R3 est arrivé

En Janvier, j’ai annoncé du changement (2022, un nouveau cap). L’un des ces changements majeur est le passage de l’univers reflex vers l’univers hybride, et de l’univers Nikon vers Canon. Mais pourquoi une telle volte-face ?

Les trois boitiers Nikon qui composaient mon arsenal étaient incontestablement des perles : D810, D4s et D5. Ils satisfaisant à leurs usages respectifs. Le parc optique associé également. Mais mes pratiques évoluant, il convenait de s’interroger sur l’avenir. Le 300 f2.8 ne me servait plus, le 14-24 n’était plus suffisamment homogène en piqué pour mes besoins… Petit a petit tout cet arsenal, aussi satisfaisant qu’il ait pu être, aurait fini par devenir obsolète. Sur le marché, les reflex tendent à laisser la place aux hybrides : hybrides dont les viseurs m’étaient jusqu’à présent insupportables (scintillants, couleurs fausses, pixels grossiers…).

Canon R3 • essai de dynamique du capteur • 500 iso / f11 / 1/30

Pour passer un cap : il me fallait un besoin de renouveau et une innovation vraiment utile. Quelque chose qui m’apporte un vrai GAP pratique sur le terrain. J’aime le coté ultime de la technicité des monoblocs. En ce domaine Nikon a choisi l’option de la course aux pixels : 8k, 45 mPx. Rien qui m’intéresse ici. Chez Canon, l’approche est radicalement différente avec le R3 : 24 mPx, une révolution avec le contrôle de l’AF par le regard et un parc optique RF qui mise sur la compacité et l’inédit. Là : ça vend du rêve.

J’ai donc choisi un renouvellement total en passant au Canon R3. Déclic 17 me l’a livré il y a un mois : voici ici un premier retours d’expérience.

Présentation du Canon R3

Le R3 est un monobloc hybride, ces spécifications clefs sont :

  • 24 mPx RAW 16 bits en photo,
  • 6k RAW, 4.2.2, 12 bits en vidéo,
  • une plage de sensibilité de 50 à 102400 iso
  • un AF doté de la reconnaissance de formes (visages, personnes, véhicules, animaux), d’un pilotage par le regard et d’une sensibilité de détection de +20, jusqu’à -7.5 IL
  • une rafale de 12 i/s en obturation mécanique, de 30 i/s en obturation électronique
  • déclanchement jusqu’à 1/64000 en obturation électronique
  • vidéo jusqu’à 60 fps en 6k et 120 fps en 4k
  • enregistrement Log pour la vidéo
  • stabilisation IBIS synchrone avec la stabilisation des optiques
  • un poids de 1015 g
  • un écran tactile orientable de 8.5 cm, et un viseur électronique de presque 6mPx
  • proposé à la vente pour 6000 €, mais livrable sous environ 5 à 6 mois dans le contexte actuel

Il ressort des ces quelques données essentielles un parti pris fort. D’une part la compacité : 1 kg pour un monobloc c’est un tiers de poids en moins par rapport aux reflex monoblocs. Son frère Nikon le Z9 est presque aussi lourd qu’un réflex avec 1340 g : on y perdrait presque le bénéfice de l’hybride. D’autre part une polyvalence forte avec un capteur de 24 mPx qui peut répondre à tous les besoins tout en permettant d’accéder à de la vidéo 6k RAW 4.2.2 12 bits (digne d’une camera professionnelle). Ainsi le capteur est tout à la fois très définit et tolérant optiquement : un atout dont ne pourra pas se prévaloir la concurrence. Hors lors d’une transition du réflex à l’hybride, une tolérance optique est utile pour récupérer au mieux un parc optique ancien. Le sujet est stratégique.

Si les spécifications de l’AF sont assez classiques par rapport au marché actuel, avec une reconnaissance de forme semblable à celle de la concurrence, la fonction « Autofocus Eye Control » pour ne pas dire pilotage de l’AF par le regard, constitue en soit une véritable révolution des pratiques. En effet avec ce système : plus besoin de manipuler un joystick, d’être ne retard sur l’action à cause de cette manipulation. Désormais, on regarde son sujet : on clic. C’est si simple…

Canon R3 • essai de dynamique du capteur • 125 iso / f8 / 1/30

La dynamique : un sujet clef

Comme je l’ai fais avec tous les matériels que j’ai eu à tester : je ai poussé à bout le Canon R3 sur mon site d’essais favori, la Crypte Saint Eutrope à Saintes. Le lieux est sombre et le peu de lumière disponible entre par de toutes petites baies qui sont le cauchemar de toute bonne exposition. Mes anciens Nikons avaient très bien passé ce teste vache. Mais on l’a dit mes exigences ont changées, il me faut un peu plus, et surtout un peu plus de polyvalence. Hors Canon n’était pas spécialement réputée pour la dynamique des ces capteurs. Passer chez Canon était pour moi une vraie prise de risque sur ce sujet essentiel dans ma pratique.

Canon R3 • essai de dynamique du capteur • 400 iso / f2.8 / 8s

Face à ce teste de l’enfers, la première impression données par ce Canon R3 est divine. La dynamique est clairement au rendez-vous. Ce n’est pas académique comme démarche, mais je vais comparer ce R3 avec mes 3 anciens boitiers ; tout simplement parce que je connais très bien et qu’il s constituent de bons point de repères. Pour résumer :

  • En petits iso (valeurs à 2 ou 3 chiffres : 50 à 800 iso), le Canon R3 a les qualités du D810 : donc extra.
  • En gros iso (valeurs à 4 chiffres : 1600 à 6400 iso) il a les qualité du D5 : donc extra également.
  • Sur les iso extrêmes (valeurs à 5 chiffres ou plus) : là il y a deux régimes. Le 12.8k est correcte, à partir de 25.6k les résultat sera probablement insuffisant pour beaucoup.

Je vous propose ici des courbes comparatives, d’une part avec mes anciens boitiers qui sont mes références bien connues, mais aussi mes seuils d’exigences qualitatives, et d’autre part avec ces deux concurrents de même gammes. Aucune des ces références n’est un mauvais appareil. Néanmoins, chacun a ses atouts maitres. Le D810 est très linéaire et possède une très forte dynamiques au petits iso ; le D5 est lui plutôt un monstre des gros iso et des extrêmes. Le R3 : c’est les deux. Totalement satisfaisant pour moi.

comparatif : Canon R3 en rouge + Nikon D5 en violet + Nikon D810 en vert

Le Canon R3 révèle ici une extrême polyvalence en dépit du décrochage de la qualité à partir de 25k iso. Curiosité, le Canon R6 que j’ai eu a tester antérieurement à quant à lui les mêmes qualités que le R3, mais avec des iso extrêmes bien meilleurs. Le Nikon Z9 a un décalage de dynamique de 0.5 à 1 IL inferieur : on retrouve ici la contre partie d’un capteur sur-définit. Le concurrent Sony A1 a un profil ressemblant au R3 qui semble ne pas trop subir sa forte définition. Tous ont de très bonnes valeurs variant de 10 à 15 IL entre 50 et 3200 iso. Bref : trois frères qui jouent à haut niveau.

comparatif : Canon R3 en rouge + Sony A1 en bleu + Nikon Z9 en jaune

La gestion du bruit

Je ne vais pas m’appesantir sur le sujet du bruit numérique, tout simplement parce que le constat est simplissime : sur ce R3 la gestion du bruit ressemble à la dynamique. Avec des RAW exploités au moyen de DxO Lab 5 : en petit iso le bruit est inexistant, et en gros iso il varie de négligeable à faible. Les photos sont ainsi extrêmement faciles à exploiter entre 50 et 6400 iso. Je doit tout de même confier que les jpg bruts du boitier ne sont pas révélateurs de ce fort potentiel ; heureusement, je suis un utilisateur RAW.

Canon R3 • extraits comparatifs : à gauche 50 iso, au centre 800 iso, à droite 6400 iso

Le cRAW : extraterrestre ?

Mais qu’est donc que ce cRAW ? Sur le papier rien de si sensationnel. Il s’agit d’un RAW compressé, concurrent Canon du « RAW compressé sans pertes » des Nikons. Oui ! Mais pas tout à fait… Les RAW compressés sans pertes d’un Nikon D5 (20 mPx) pèsent environ 20 à 25 Mo. Les cRAW 24 mPx du Canon R3 pèsent en moyenne 15 Mo. Pour mémoire, les RAW normal du R3 varient autour de 29 Mo, les jpg brutes de boiter 9 Mo.

Tout ceci n’est pas de la magie : es vraiment bon ? Dans la crypte, j’ai fait deux fois la même série d’essais en RAW normal et en cRaw. Il ressort que la différence de qualité est extrêmement difficile à faire ressortir. Elle est si minime qu’elle pourrait être considérée comme négligeable. La qualité du cRAW est telle qu’il peut être largement utilisé pour des usages professionnels ou du travail d’auteur. Peut être que pour de l’astrophoto faudra t’il privilégier le RAW normal pour optimiser le travail : mais là je n’ai pas fais l’essai pour vérifier. Je vous renvoie ici aux essais fait par Damien Bernal et Bison Bleu pour mettre en situer les limites du cRAW (expériences faites sur Canon R5, mais toute aussi intéressante) et monter son énorme potentiel.

Canon R3 • essai de la fonction détection de l’œil du sujet

L’AF ou les AF ?

Quand est t’il de cet AF de nouvelle génération annoncé comme révolutionnaire ? A mon sens, il faudrait mettre l’AF du R3 au pluriel. En effet, il est doté de plusieurs outils qui peuvent répondre de façon différenciée soit a des situations particulières soit à des pratiques ou des préférences du photographe lui-même.

On a testé ces fonctions avec des véhicules et en session de portrait. Pour résumer, sur le R3 nous avons :

  • La possibilité de positionner le point (ou zone suivant choix) AF au moyen d’un joystick traditionnel : cette fonction est déformais bien connues de tous. Elle a fait ses preuves, mais peut facilement s’avérer trop lente dans l’action.
  • La possibilité de positionner le point AF avec un « Smart Controller » : un joystick infrarouge. Il est réactif mais peu précis. Dans l’action il sera cependant plus souple d’emploie le joystick traditionnel.
  • La possibilité de faire directement détecter l’œil du sujet par l’AF. La fonction est programmable sur le bouton de votre choix… Facile en session portrait ! Limite déloyale.
  • La possibilité de laisser la détection de forme (dit Dual Pixel) marquer elle même le sujet. C’est redoutablement efficace, mais on maitrise pas quel sujet sera prioritaire. Par exemple sur une groupe de 3 personnes et 2 animaux qui sera le sujet détecté ? Il y a mon sens trop d’aléas avec cette fonction utilisée seule.
  • En revanche couplée avec « l’Autofocus Eye Control » (pilotage de l’AF par le regard du photographe) le procédé est extrêmement performant. On regarde son sujet, la détection identifie la forme (visages, animaux, véhicules,….) , le sujet pourra se déplacer dans le cadre il restaura accroché par l’AF du moment qu’on ne le perd pas de vue. On peut également passer d’un sujet à un autre en un « coup d’œil ». La réactivité dans le feu de l’action est considérable.
  • Et j’allais oublier la possibilité de pointer le sujet du doigt, directement sur l’écran arrière. Cette action commande à la fois l’AF et le déclanchement.

En fin de compte, avec le R3 il y a un AF pour tous les gouts, et surtout pour toutes les situations. En séance portrait, avec un seul sujet, la fonction de détection de l’œil est d’une simplicité déconcertante. Dans la mêlée d’un matche de rugby ou un essaim de motos, c’est « l’Autofocus Eye Control » qui fera une vraie différence. Et pour les sujet hors reconnaissance de formes, on initialisera l’AF avec le « Smart Controller » ou le joystick à l’ancienne.

Canon R3 • essai du « l’Autofocus Eye Control » : pilotage de l’AF par le regard du photographe

MAP manuelle : ça existe encore

Ca existe encore : et ça n’a jamais été aussi bon ! Sauriez vous capable de faire la mise au point au travers d’un filtre infrarouge ? Evidement non. Néanmoins c’est nécessaires puisque la longueur d’onde et la célérité sont différente et que la MAP sans filtre sera immanquablement fausse.

Le Canon R3 est doté de deux systèmes d’assistance à la MAP manuelle : un focus peaking et un repère sur le point. Ce repère se compose de 3 triangles indiquant si la MAP est trop arrière, ou trop avant, ou juste. Ce point est déplaçable au « Smart Controller » pour vérifier la MAP sur plusieurs sujets. Pour travail de paysage, avec 3 sujets sur 3 plans distincts à contrôler on pour tout vérifier éléments par élément, y compris avec un filtre infrarouge en place.

Canon R3 • essai en infrarouge • 50 iso / f4 / 120s

Pour conclure : n’ayons pas peur des mots

Le TIPA awards 2022 avait classé le Canon R3 « boitier le plus innovant ». Et bien tout est dit, je n’ai rien a ajouter ! Enfin, si. Il me fallait un remplaçant unique à un trio Nikon D4s, D5 et D810. Il me fallait une bête à tout faire, exigeante sur tous les registres. Objectif a priori compliqué à remplir. Le R3 réponds sur la définition du capteur, le R3 réponds sur la dynamique et la qualité d’iso, le R3 dépasse les besoins sur l’AF, le R3 répond sur l’ergonomie et les possibilités de personnalisation et le R3 possède des capacités vidéo dont je n’ai pas encore besoin… mais sait ‘on jamais.